Aujourd'hui, l'image du mandala - cette figure tissée par des réseaux de liens autour d'un centre - touche nombre de gens. On fait des jardins, des dessins, des rondes, des coloriages en forme de mandala. C'est, je crois, le signe de notre aspiration profonde à retrouver une unité incarnée, réelle. Le mandala nous parle en effet la langue de l'unité - l'unité de notre corps, de nos émotions et de notre esprit, l'unité qui relie deux êtres humains qui s'aiment, l'unité qui relie la communauté de tous les êtres humains, l'unité qui nous relie à la nature. Cette unité cache un profond secret. Pourquoi cherchons-nous à retrouver cette expérience où tout est en rapport à un tout entier, où chaque chose rime avec les autres ? Parce que cette unité repose sur le rayonnement de la beauté. Nous en avons un indice dans le mot même de "monde" qui dit la splendeur de ce qui est entier. Son antonyme, "immonde", désigne la laideur, l'impureté de ce qui est défait. Là où règne l'immonde, il n'y a plus de place pour personne. Il faudrait entendre que "monde" est un adjectif qui qualifie l'unité harmonieuse. Le mandala nous apprend à retrouver un monde, c'est à dire l'unité où nous pouvons nous poser et nous sentir à nouveau reliés aux êtres et aux choses. D'un seul coup nous ne sommes plus seuls, au sens d'être isolé, coupé de soi et des autres. Nous cessons d'être en exil. Autrement dit, le monde n'est pas l'ensemble de tout ce qui est, mais ce qui donne à tout son éclat. Là où il y a monde - tout chante. Extrait de "Petite Philosophie des Mandalas" de Fabrice Midal
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